Les lisières

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Critiques et avis

Critique de poussaintJ'ai beaucoup aimé ce livre et c'est avec beaucoup de plaisir qu'il m'a suivi pendant 4 jours où j'ai été très accroché par sa lecture. L'écriture est souple, simple, sans fioritures et nous guide jusqu'au bout avec une grande facilité. Mais ce n'est pas, à mon avis, sa première qualité, qui est ailleurs : d'abord et comme toujours, il y a cette analyse très fine et crue de notre société et de ses classes moyennes et populaires. C'est aussi une analyse géographique de notre territoire avec l'apparition de ces lisières, cette banlieue moche, paysage uniforme et sans âme. Je suis étonné d'ailleurs que l'auteur ne parle pas plus de cette défiguration du paysage par ces panneaux publicitaires d'une laideur sans pareille. Pour le reste, ces parkings, ces magasins et ces lotissements poussés comme des champignons sans volonté de se fondre dans le paysage sont de véritables verrues que met bien en scène O. Adam. Il y débusque ces vies ratées, inaccomplies où enfant, on avait des rêves et ces rêves se sont enfuis, enfouis sous la réalité quotidienne. C'est le premier roman que je lis de cet auteur à être aussi autobiographique sans pouvoir (et la question m'a bouleversé tout le livre)y débusquer ce qui appartient à la fiction et à la réalité. Il dessine un homme bourré de remords, incapable de vivre autrement que par l'écriture, privé de son sens social et déconnecté des gens qui par le plus grand hasard se livrent pourtant à lui. Il est déraciné de sa vie où il vit à la marge sans être directement atteint par ce qui le touche, à la lisière des autres et des lieux, comme un être périphérique à la recherche de son centre. Certains trouveront ce livre pénible, nombriliste, pleurnichard peut-être. Je me suis souvent senti ému, touché par cette volonté de dire le vrai, l'intime, le contradictoire car au delà des sentences, des à priori, l'écrivain n'hésite pas non plus à se flageller. Enfin j'ai bien aimé aussi ce parallèle avec le Japon. l'histoire se déroule en même temps que les terribles évènements survenus dans ce pays. Il y règne donc une atmosphère de fin du monde, de folie furieuse, un monde où il semble qu'il soit impossible de trouver un sens à tout ce qui se passe d'où la volonté unique et rescapée de vouloir témoigner, ausculter. Adam joue donc le rôle d'un médecin qui fait le bon diagnostic mais sans apporter de remède. La pilule est donc difficile à avaler mais prendre conscience, c'est déjà un premier pas. A lire donc sans modération.